jeudi, janvier 26, 2012

Avoir le choix ne devrait pas avoir de prix...

Il y a quelques temps déjà (oui je sais je ne vous écris pas souvent), j'ai lu, ou entendu, je ne sais plus, que l'UDC, déjà à l'origine des votations sur les minarets et sur les étrangers se lançait dans la lutte contre l'avortement. Oh ! Alors que la loi dépénalisant cet acte a été voté à plus de 70% en 2002, ils osent revenir à la charge ? Mais cette fois, ils abordent la question du côté du porte-monnaie. Ben oui, une interruption de grossesse c'est une affaire privée alors il faut que ce soit le privé qui paie.

Ce matin alors que je repassais en écoutant la radio, une "pub" pour une émission télé a attiré mon attention. Le sujet de cette émission : l'avortement en Suisse. La journaliste de l'émission interviewée, parlait des difficultés qu'elle a rencontrées pour arriver à l'aboutissement de son reportage. Pas facile d'entrer dans un service hospitalier de ce genre, de discuter avec les médecins, les infirmières et surtout les patientes.

Et puis je me suis souvenue de ma lutte acharnée contre l'avortement lorsque j'étais à l'école. J'adorais les sujets qui fâchent et j'avais envie de faire sensation. Je m'étais donc lancée dans la rédaction d'un long document sur l'avortement. Ma maman, qui avait la bonne habitude de tout garder, m'avait fourni une tonne de documentation. Des journaux d'époque traitant du sujet, des photos de propagandes absolument abjectes et surtout, une partie de mon histoire.

Je suis la 4ème enfant d'une famille qui avait de la peine à joindre les deux bouts. Alors quand ma maman a apprit son état, elle n'a pas imaginé une seconde qu'elle me gardait. Et puis le jour -J elle est rentrée à la maison en se disant que non, elle ne passerait pas par là, que lorsqu'il y en a pour trois, il y en a pour quatre. Elle avait un grand coeur ma maman et j'y avait trouvé ma place. Forte de cette histoire, qui finalement me faisait me rendre compte que j'aurais pu ne pas être là, j'avais redoublé d'effort et j'avais vendu mon sujet comme une grande. Je m'étais fait applaudir et bien notée. Je n'avais pas conscience que mon corps m'appartenait, je n'avais jamais eu de relations sexuelles, j'étais naïve, j'avais 14 ans.

J'ai choisi de faire un métier dans le domaine médical. Et mon premier job, c'est dans le domaine de la gynécologie que je l'ai fais. Quand j'imaginais mon boulot avant de commencer, je pensais aux examens d'urine qui allaient probablement vite m'ennuyer, mais ce serait toujours moins pire que les nettoyages d'oreille. Je pensais aux jolies échos et aux femmes enceinte, mais j'avais totalement mis de côté cet aspect là de la profession. Je me souviens encore de ce premier cas. Après avoir posé le rendez-vous, j'ai passé ma journée à me demander pourquoi elle c'était retrouvée dans cette situation, à me dire qu'elle devait être une andouille, que c'était du n'importe quoi, que la pilule du lendemain ça existe, etc... Et puis, elle est entrée dans le cabinet, a rempli son formulaire et là, je me suis rendue compte que je n'avais pas le droit. Pas le droit de la juger et que finalement chacun avait son histoire.  Je n'ai jamais ouvert son dossier pour savoir comment ? Ni pourquoi ?

J'avais grandi, je ne voyais plus la vie toute noire ou toute blanche, j'avais 20 ans et je pensais qu'on n'avait le droit d'avoir le choix.

Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit. Sous couvert d'une éventuelle économie sur l'assurance maladie, on va priver des jeunes femmes/filles d'un acte qui pourrait changer tout le court de leur existence. Tout ça, parce qu'au final, nous sommes incapable de ne pas juger l'autre. Pourquoi alors ne pas faire payer les patients lorsqu'ils ont une MST, finalement c'est privé aussi, ils auraient dû faire attention ? Et puis un rhume aussi... bééé mais qui vous a éternué dessus ? Ce n'est pas à une assurance maladie, à l'économie ou a des hommes de juger ce genre de chose. Chaque individu devrait avoir le choix de ce qu'il veut faire de son corps.

Parce que non, qu'on se le dise une bonne fois pour toute, les filles qui vivent une grossesse non-désirée ne sont pas toutes des perverses sans cervelles !



Voici le lien pour le reportage : http://www.tsr.ch/emissions/temps-present/

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