dimanche, juin 09, 2013

Les petits cailloux...



Vendredi soir, mis en confiance par une belle après-midi ensoleillée suivie d'un bon repas, mes frères et moi, dans l'ambiance cosy de mon salon nous sommes fait des confidences.

Nous sommes revenus sur le passé douloureux de l'un d'entre eux et puis, sur celui encore plus loin, de l'enfance de notre maman, née dans une famille atypique, pour l'époque. A la tête de cette famille, il y avait une femme de (très forte) tête, vigneronne, qui savait inspirer le respect. Et oui, vigneronne ! Et c'était bien là sa fierté, être une des rares femmes (si ce n'est la seule, selon les dire de ses filles) a travailler la vigne. Et donc, ma maman, arrivée là par un beau jour de juin 1942, comme sa soeur avant elle, ne sera pas reconnue par son père et ne saura jamais qui il est.

De nos jours, si je devais rencontrer quelqu'un dans cette situation, la seule chose qui me viendrait à l'esprit, serait de souhaiter que cette personne ne souffre pas trop de sa situation. Pour le reste, je n'émettrais aucuns jugements et je pense que nous serions nombreux à ne pas changer d'attitude envers une personne venant d'une famille monoparentale.

Malheureusement, si nous revenons en arrière, dans ces années là, ça ne c'est pas passé comme ça. Sachez tout d'abord, que dans ma famille on ne parle pas de cette chose là. Et pourtant, cette chose là, a été tellement mal vécue, qu'elle a influencé le comportement de plusieurs générations.

Parce que cette chose là, a fait exploser une famille en éclat, parce qu'à coup d'ignorance et de jet de pierre sur le chemin de l'école, mes tantes et mon oncle ont souffert pendant toute leur enfance. Jusqu'à ce qu'ils puissent fuir. Fuir cet endroit où au lieu de voir un simple enfant qui a besoin d'affection on c'est permis de juger, de fermer sa porte, ou de jeter des cailloux (de vrais cailloux !).

Ma maman, a donc grandit loin de chez elle, loin de sa maman, parce qu'on la jugeait. Si, en grandissant, elle a garder des séquelles de ses jeunes années, ce n'est pas de la faute d'un père absent. Non, c'est parce qu'on lui a fait croire, qu'elle était une moins que rien, qu'on la frappée et qu'on la chassée. Tous ces gens, bien pensants, avec une idée figée de la morale ont réduits, l'enfance de 4 enfants en bouillie. Elle est devenue une adulte, pleine de secrets, qui ne se liait avec personne de peur qu'on la juge et qui était une vraie lionne lorsqu'on touchait a ses enfants. Et je suis devenue une adulte peu sûre de moi, qui pense trop souvent à ce que vont dire les gens et qui décapsulerait la tête de celui qui oserait toucher à un cheveux de ses enfants.

On pourrait croire que cette histoire située en 1942 est de l'histoire ancienne et pourtant, tous les jours, je croise des gens aux poches remplies de cailloux. Contre le mariage gay, contre l'adoption, contre l'avortement, contre les étrangers, contre tout et rien on se permet encore et encore de lancer des cailloux.

Vendredi soir, quand mes frères sont partit, j'ai eu pendant un moment cette boule au ventre, cette envie de vomir et puis, je me suis dis, que finalement, j'avais de la chance. Je n'ai pas de cailloux dans mes poches et vous ?